Après plusieurs années de développement, Fujifilm sort le XF 50mm F1 R WR, un objectif ultra lumineux adapté pour les portraits. Avec sa grande ouverture de F1, il permet d’obtenir un bokeh incroyable, du jamais vu sur monture X ! Est-ce si différent d’un XF 56mm F1.2 ? Que valent le piqué, le bokeh et l’autofocus ? La réponse dans ce test.
Le test du Fujifilm XF 50mm F1 en vidéo
Caractéristiques du Fujifilm XF 50mm f1 R WR
Cet objectif n’est pas particulièrement compact, mais je m’attendais à pire pour un 50 mm f1. Au niveau de sa taille et de son poids, il se rapproche d’un 85 mm f1.4 en plein format. Sur un X-T4, l’ensemble formé est donc plutôt harmonieux. Ce qui est le plus gênant, c’est son poids de 845 grammes. Avec le petit grip du X-T4, ça peut poser problème. Il conviendra beaucoup plus à un X-H1 qui possède un grip plus prononcé.
Pour le reste de la construction, on retrouve :
- Bague d’ouverture graduée de f1 à f16 avec une position auto
- Conception en métal
- Aucun bouton
- Tropicalisation (qui n’est pas sur le XF 56mm f1.2)
- Diamètre de 77 mm pour les filtres
- Lentille traitée super EBC
Quel écart de lumière entre une ouverture de f1, f1.2 et f1.4 ?
Comme les différences peuvent sembler minimes, je vous laisse jeter un œil à cette échelle des F-STOP. Entre f1 et f1.2, il y a deux tiers de stop de différence, et entre f1 et f1.4, comptez un stop en moins. Si ces termes ne vous sont pas familiers, retenez simplement que l’écart de luminosité est relativement important entre une optique qui ouvre à f1 et une autre à f1.2.
Quelles sont les performances optiques du XF 50mm f1 ?
Réussir un objectif f1 sur un capteur APS-C, c’est un vrai challenge. Il y a en effet de nombreux problèmes optiques à surmonter. Comme l’objectif profite d’une luminosité maximale, il faut réussir à contrôler les défauts optiques face à la quantité de lumière qui rentre. En plus de ça, le moteur autofocus doit être capable de déplacer rapidement des lentilles qui sont plus lourdes que d’habitude. Le défi est-il relevé ? Voyons ensemble le niveau de performance que Fujifilm a réussi à atteindre !
Un piqué satisfaisant
Le piqué est plus que correct pour un objectif f1. Même en zoomant, les images sont pleines de détails. Si vous êtes en intérieur, vous pouvez en plus éviter de trop monter dans les ISO. Avec un objectif f1.4, vous seriez à 6400 ISO, alors que le XF 50mm f1 peut rester sans problème à 3200 ISO. Les choses se compliquent en extérieur lorsque le soleil n’est pas loin. Dans ce cas-là, les images perdent tout de suite en contraste et en piqué.
À f1, la séparation des plans est également très importante. Vous allez pouvoir isoler parfaitement votre sujet, même si l’arrière-plan est proche.
En analysant le piqué sur la photo de mire, j’en suis arrivé aux mêmes conclusions. Dès f1.0, le piqué est convenable et il s’améliore au fur et à mesure, jusqu’à atteindre son piqué maximal à f2.8.
Des billes de bokeh qui manquent de rondeur
Les billes de bokeh sont jolies, mais elles ne sont pas exceptionnelles pour autant. Elles ne sont pas très rondes et sont plutôt en œil-de-chat. Habituellement, ce phénomène s’observe surtout dans les coins, mais ici on retrouve cet effet partout dans l’image. Avec cet objectif, vous n’aurez jamais de billes bien rondes. Si vous fermez à f2.8 ou f4, le bokeh devient moins sphérique et encore plus hexagonal.
Une optique magique ?
Fujifilm la qualifie comme telle, notamment grâce au beau halo de lumière qu’elle est capable de former. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle est souvent comparée au XF 35mm f1.4 ou au 56mm f1.2 qui profitent eux aussi de cette jolie lumière. Cet effet est très apprécié par les amateurs de Fujifilm, et on le retrouve bel et bien sur ce XF 50mm.
En revanche, n’espérez pas avoir de beaux soleils en étoile avec cet objectif. J’ai tenté le coup en fermant à f16, et j’ai surtout eu des défauts optiques ! Dans ces conditions, difficile d’avoir des photos exploitables… Mais on en reparle un peu plus loin.
Un autofocus convenable
Les performances du système autofocus sont attendues au tournant avec ce XF 50mm F1. Eh oui, une optique lumineuse doit aussi être capable d’avoir un excellent AF. Pour vérifier ça, j’ai fait les tests classiques avec un sujet en mouvement et une série de rafales :
- Lorsque ma chienne court vers moi, j’ai obtenu 50 % de photos nettes, ce qui est plutôt une bonne performance (mais sans être si rapide que les autofocus en f2 chez Fujifilm).
- Avec mon fils qui marche vers moi, j’ai eu 75 % de photos réussies. Il a simplement fallu que je m’y reprenne à plusieurs fois pour trouver la vitesse à laquelle mon fils devait marcher pour que l’AF réussisse à suivre.
- Sur la séquence où mon fils court vers moi, toutes les photos sont floues.
En bref, l’autofocus fonctionne bien, mais votre sujet ne doit pas être trop rapide ! Il est plus performant que celui du XF 56mm f1.2, mais est-ce vraiment suffisant ? Est-ce que ça fera une grosse différence sur le terrain ? Je n’en suis pas si sûr.
La seule chose qui peut faire vraiment la différence, c’est la détection des yeux. Elle est beaucoup plus efficace sur le XF 50mm : la mise au point est plus précise, les yeux sont détectés plus rapidement et mieux cadrés. Je n’ai toujours pas compris pourquoi il y a une telle différence sur ce point-là.
Ce que je reproche au XF 50mm f1
Le gros point noir de cet objectif, c’est bel et bien sa gestion des défauts optiques. Comme je le disais, c’est très difficile de réussir à canaliser les faisceaux de lumière qui rentrent dans un objectif f1. Pour autant, c’est une optique à portrait donc j’ai voulu l’utiliser dans des conditions propices à la photo de portrait : la golden hour. Et malheureusement, c’était une catastrophe. Sur les 3 séances, j’ai eu un niveau d’aberrations chromatiques qui a atteint des records et auquel je n’étais pas habitué chez Fujifilm. C’est un souci que j’ai souvent rencontré sur des objectifs Viltrox, mais je ne m’attendais pas à retrouver ce problème sur une optique Fujifilm, même à f1.
En zoomant, voilà les aberrations chromatiques qu’on peut avoir, alors même que le soleil n’est pas du tout dans le cadre. J’étais assez étonné de voir ça. En plus, la perte de piqué est immense à cause des phénomènes lumineux. À f16, c’est encore pire : les défauts lumineux sont plus importants et il y a énormément de flare.
Comparatif XF 50mm F1 vs XF 56mm F1.2
Tous deux dédiés à la photo de portrait, ces objectifs sont beaucoup comparés. D’un point de vue purement physique, le XF 50mm f1 est bien plus imposant. En revanche, aucun des deux n’est stabilisé. Et la qualité, qu’est-ce que ça donne ?
Le piqué et le bokeh du XF 50mm sont légèrement meilleurs. Mais pour voir la différence, il faut vraiment zoomer à 100 %. Globalement, le rendu est assez proche entre les deux.
Sur une photo de mire, c’est la même chose : le XF 50mm f1 est toujours un cran supérieur au XF 56mm f1.2.
En revanche, le XF 56mm produit beaucoup moins d’aberrations chromatiques. Un point pour lui !
Réussite ou échec pour ce XF 50mm F1 ?
Ce test du XF 50mm F1 m’a poussé à me questionner sur les avantages de l’APS-C face au plein format. Finalement, je trouve que les objectifs APS-C ne sont jamais aussi mauvais que lorsqu’ils essaient d’imiter à tout prix le plein format. Pour ma part, si je suis sur APS-C, c’est pour avoir des objectifs compacts comme le XF 56mm f1.2.
Et si j’ai envie d’un objectif plein format, je vais plutôt me tourner vers des solutions plus intéressantes. Je pense notamment au dernier Sigma 85mm 1.4 qui propose des performances nettement supérieures à ce XF 50mm : il pèse 200 grammes de moins, coûte 1 099 € et non pas 1 599 €, il est moins encombrant, n’a pas d’aberrations chromatiques, son AF est difficile à piéger… Alors quand le full frame devient moins lourd, moins cher et plus qualitatif que l’APS-C, c’est que l’APS-C a tenté l’impossible.
Selon moi, Fujifilm doit rester sur ses forces en proposant plutôt un objectif 56mm f1.2 corrigé. Il est vrai que ce 50mm est un poil meilleur que le XF 56mm, mais au prix auquel il est vendu, j’avais une exigence un peu plus élevée ! Finalement, c’est une optique de niche qui n’est pas faite pour tout le monde. Ce n’est pas pour rien que certains l’appellent l’objectif vampire (celui qui ne peut sortir que la nuit à cause de ses défauts optiques incontrôlables). Une petite déception pour moi, ce n’était pas du tout ce que j’attendais…
Et vous, quel est votre avis ? Est-ce Fujifilm a raison de vouloir offrir un rendu digne d’un plein format sur des boîtiers APS-C ? Est-ce que ça vaut le coup de continuer à développer une gamme d’objectifs f1 ? Dites-moi tout !
3 Responses
Bonjour, à l’exception de l’autofocus (que je n’utilise guère en général) je me demande surtout s’il tient la route face au Mitakon 35mm 0,95 MII beaucoup moins lourd, plus ouvert, et trois fois moins cher. Je le possède, il n’est pas parfait aux ouvertures moyennes, le rendu n’est pas toujours au top en pleine lumière, mais en basse lumière c’est un bonheur absolu.